Écritures de l’attente I
Ce cinquième numéro de Quaina est le premier qui voit le jour après le décès de notre collègue Antoine Fraile, fondateur de la revue (1949-2015), et il est légitime de lui rendre ici l’hommage sincère de tous ses collègues du 3L.AM.
Antoine avait compris, comme beaucoup d’entre nous, que le temps des revues scientifiques en « version papier » semblait révolu, pour des raisons de coût et de difficultés de diffusion. Mais c’est lui qui, au sein de notre unité, a fait preuve du dynamisme nécessaire pour concevoir une nouvelle publication, et s’attaquer aux problèmes de tous ordres que pose l’édition d’une revue en ligne. Grâce à lui, le 3L.AM est maintenant doté d’un instrument de diffusion de ses travaux dont la pertinence s’est confirmée dans le temps.
Toutefois, la fondation de Quaina n’est qu’un aspect du grand rôle joué par l’enseignant-chercheur-administrateur Antoine Fraile à l’Université d’Angers depuis sa nomination comme MCF d’espagnol en 1998. Outre une intense activité de chercheur, qui a entre autres permis sa promotion au grade de PR en 2009, après la soutenance d’une HDR, Antoine a toujours été au service de la collectivité, ce qui l’a amené à assumer un grand nombre de responsabilités dont nous ne citerons que les plus marquantes : directeur du département d’espagnol de 2000 à 2004, porteur de projet d’un Master traduction littéraire et spécialisée, labellisé par le Ministère, et qui attire toujours de nombreux étudiants, et enfin Vice-Président aux ressources humaines de l’Université. Tous ceux qui l’ont côtoyé, collègues, étudiants, personnel administratif, ont pu, dans ces différentes occasions, apprécier son esprit d’initiative, sa cordialité, sa proximité du terrain, et son attention aux autres. Il n’a jamais cessé d’être, même quand de hautes fonctions l’occupaient, le collègue avec qui discuter des questions relatives à l’université, au laboratoire ou au département, certes, mais aussi des derniers films qui venaient de sortir et c’était uniquement en ces occasions que le ton montait parfois, les goûts cinématographiques d’Antoine n’étant pas forcément partagés par ses interlocuteurs. Mais il avait aussi su faire de sa passion un objet d’enseignement et de recherche, comme le prouvent les nombreuses manifestations sur le cinéma qu’il a organisées au sein du 3L.AM et sur la ville d’Angers, et dont les traces écrites perdurent, entre autres, dans certains numéros de Quaina.
Lorsqu’il a eu connaissance du cancer qui allait finalement l’emporter, il a demandé, plus tôt qu’il ne l’aurait souhaité, sa mise à la retraite. Mais tant que son état le lui a permis, il a continué, en tant que professeur émérite, à participer aux activités du 3L.AM, ainsi qu’à la publication de la revue. C’est lui qui nous avait soumis ce nom un peu étrange : Quaina, mot quechua difficilement traduisible, en rapport avec la notion de mémoire, thématique sur laquelle travaillait alors et continue de travailler le 3L.AM, un nom que nous avions adopté à l’unanimité. Que la revue qui le porte garde maintenant celle de son fondateur et parrain, Antoine Fraile.
Roselyne Mogin-Martin, co-directrice du 3L.AM de 2008 à 2011.
PARTIE I : Corps attendants, corps attendus
Introduction, par Raúl Caplán et Aurora Delgado-Richet.
« Attente et désir du corps de l’autre. Un garçon parfait d’Alain Claude Sulzer », par Christophe Dumas.
« L’adolescence vue par Antonio Soler : corps attendant, corps attendus dans El camino de los ingleses », par Gregoria Palomar.
« Corps attendu, corps attendant : le discours amoureux en poésie au prisme de trois notions clés : dualité, incarnation, tension », par Sandra Contamina.
« Corps mort ou attente sans espoir », par Erich Fisbach.
« D’un corps à l’autre : l’attente du sujet dans La piel que habito de Pedro Almodóvar », par Pascale Thibaudeau.
PARTIE II : Approches linguistiques de l’attente
Introduction, par Daniel Lévêque.
« Quelques marques linguistiques de l’attente en espagnol d’Amérique : depuis ’desde’ jusqu’à ’hasta’ », par Daniel Lévêque.
« Attendre / Esperar, enquête dans tous les sens, en quête de tous les sens », par Stéphane Oury.
« L’espoir à travers les proverbes espagnols, français et leur traduction », par María Lucía Navarro Brotons.
« Les métaphores de l’attente dans les phrases figées : aspects cognitifs et culturels de la traduction français/espagnol », par Ana Maria Gentile.
« Le concept de l’Attente dans la langue française », par Béatrice Pothier.
« Premièrement/primo : deux marqueurs de l’attente concurrents ? », par Catherine Schnedecker.