« Attente » et « Espera » : différences et convergences

L’histoire des mots « attente » et « espera » sera envisagée à partir de leurs étymons latins attend?re et sper?re[1] à travers la lexicographie française et espagnole, ancienne et moderne, et ils seront aussi considérés dans le cadre des différents systèmes d’opposition existant dans la langue actuelle : « attente vs espoir vs espérance » et « attendre vs espérer » ; « espera vs esperança », « esperar vs atender » et « esperar vs aguardar ».

Dans la continuité de leurs étymons latins, ces vocables réélaborent sémantiquement des notions physiques simples telles que la tension et le regard, ainsi que l’activité proprement humaine de pronostic, que les Anciens appelaient divination et que nous appelons probabilité.

Leur contenu sémantique est complexe ; par le récit de leur évolution et l’analyse des composantes de leur sens, nous espérons contribuer à démêler cette complexité. Nous espérons aussi rendre compte de la singularité de ces deux parasynonymes, « attente » et « espera » qui, s’ils convergent dans l’usage, n’en véhiculent pas moins des résonances différentes.

« Tension vers » : le verbe latin attend?re

En latin classique, le verbe attend?re (adtend?re), en tant que dérivé de tend?re signifie la notion physique de tension (au passif, il signifie « s’étendre ») ou de tension vers (« tendre les mains ou l’oreille »), qui trouve une application psychologique et intellectuelle : « tendre son esprit vers », c’est-à-dire « être attentif à », « remarquer », réfléchir à », « s’occuper de[2] », qui est en fait la plus usitée[3].

Dans une continuité sémantique, le latin tardif attendere peut renvoyer à des sens plus spécifiques tels que « servir », « faire sa cour à quelqu’un » ainsi que « attendre[4] ».

Ces deux orientations sémantiques vont s’affirmer au cours de l’évolution du mot et s’imposer au détriment des autres, la première en espagnol, la seconde en français.

De la tension à l’attention : attendre et atender

Atendre est attesté en français dès le XIe siècle. Il continue les sens latins dans les applications physiques de la tension (tendre la main, tendre un anneau)[5] et dans ses applications psychologiques  et intellectuelles : poursuivre, tendre vers un but[6], s’appliquer à, prêter attention à. Ces dernières sont attestées en français du XIIIe au XVIe siècle, avec la forme simple ou avec la forme pronominale « s’atendre » pour « aspirer à, s’appliquer à », comme dans cet exemple emprunté à Montaigne (Essais, III, 2) : Je ne me suis pas attendu d’attacher monstrueusement la queue d’un philosophe a la teste et au corps d’un homme perdu. Ou cet autre, extrait des archives municipales de Montauban (1557) : Au lieu d’étudier et se actandre à leur devoir[7]. Ce sens, écrit Alain Rey[8], rend compte du rapport entre attendre, attention et attentif, aujourd’hui détruit.

Le rapport entre atender, atención, atento, s’est conservé par contre en espagnol. Atender, attesté dès le XIIe siècle, continue les sens issus de son étymon latin (tendre l’oreille, prêter attention à, s’occuper de) et como en otros romances,écrit J. Corominas, a veces vale aguardar en la Edad Media[9]. Les dictionnaires de la langue moderne continuent d’ailleurs à donner aguardar et esperar comme première définition de atender[10], qui dans l’usage s’est pourtant spécialisé dans l’expression de l’attention avec ses différentes modalités[11].

De la tension à la station : attendre, attente

Dès le début, le verbe « attendre » développe cette nouvelle signification déjà apparue en latin médiéval, qui s’ajoute aux autres significations héritées du latin et va s’imposer dans la langue moderne : « demeurer jusqu’à l’arrivée de quelqu’un ou quelque chose [12]». Considérée comme une innovation sémantique propre au domaine gallo-roman[13], elle témoigne d’une modification de la représentation du processus. Celui-ci n’est plus saisi par la pensée en un temps unique, comme processus dynamique visant un but : la saisie se fait en deux temps, celui de la latence, statique (explicité par « demeurer ») et celui du terme de cette latence (explicité par des expressions telles que « jusqu’à »).

Cette scission du processus en deux temps successifs s’exprime très clairement dans des définitions du mot « attente », « où l’accent est mis sur le simple écart de quelqu’un en tel lieu, et le moment où quelqu’un ou quelque chose doit arriver[14] ». Lorsque seul le premier temps est visé, l’attente sera définie comme « le temps pendant lequel on attend », et pourra alors renvoyer à des parasynonymes tels que « faction, pause, station [15]».

Dépourvue de toute portée axiologique, l’attente se distingue ainsi de l’espoir et l’espérance ainsi que de la espera, héritiers du latin sper?re.

« Perspective du bonheur » : le verbe latin sper?re

La racine indo-européenne sp?- est liée aux sens de divination, présage, prédiction et pronostic[16], ainsi qu’aux sens d’extension, de prospérité[17]. En continuité avec eux, le verbe sper?re, issu de cette racine, renvoie en latin classique à la notion d’attente[18], et plus particulièrement dans la perspective d’un évènement heureux. Néanmoins, dans un mouvement de renversement axiologique, on peut aussi avec sper?re « attendre, s’attendre à ou appréhender quelque chose de fâcheux »[19].

En latin tardif, on voit se diversifier et se spécialiser les sens de sperare selon les deux orientations sémantiques initiales, dans des significations telles que « attendre quelqu’un », « solliciter ou avoir droit à quelque chose », « penser que, croire que », liées au concept de perspective, et « être persuadé que », « obtenir »[20], liées au concept de « bonheur », sous la forme concrète de l’aboutissement, de la réussite[21] ».

De l’espoir à l’attente : espérer, esperar, asperar

« Espérer : attendre un bien qu’on désire et que l’on entrevoit comme probable »[22] est en continuité sémantique[23] avec le sens classique du latin depuis l’apparition du mot en français (attesté depuis le milieu du XIe siècle) jusqu’à nos jours dans son usage courant, mais à partir du XIIe et jusqu’au XIXe siècle, il avait également le sens de « attendre, s’attendre à[24] ».

De même, « esperar », est attesté depuis le XIIe siècle avec ces deux signifiés : « tener esperanza », « aguardar [25]». Il a connu une variante asperar très usitée en ancien castillan et dans la langue classique jusqu’au milieu du XVIe siècle. El sentido de asperar era casi siempre “aguardar” (no “tener esperanza”) como define con precisión Juan de Valdés[26]. Cette distinction qui aurait pu, selon Corominas, se réaliser sous l’influence de aguardar, n’est pas universellement reconnue par les spécialistes anciens de la langue, qui consignent esperar et non asperar [27].

Incertitude et présupposition : esperar vs asperar

Répondant à la question de Marcio: -¿haréis alguna diferencia entre asperar y esperar ?-, Valdés définit l’opposition sémantique entre les deux verbes en ces termes: Yo sí, diziendo asperad en cosas ciertas, y esperad en cosas inciertas, como vosotros usáis de aspettar y sperar; y assi digo: aspero que se haga hora de comer, y digo: espero que este año no abrá guerra. Bien sé que pocos o ninguno guardan esta diferencia pero a mí me ha parecido guardarla por dar mejor a entender lo que scrivo[28].

La distinction est ainsi analysée par Valdés comme une opposition entre incertitude et présupposition : esperar lorsque l’objet visé par le processus reste una cosa incierta[29] et asperar lorsque son existence est présupposée comme una cosa cierta. C’est par le biais de la présupposition que l’analyse sémantique de asperar rejoint celle de attendre = tendre vers un objet ou un évènement, l’existence de celui-ci étant nécessairement présupposée comme terme de la tension.

Du regard à l’attente : aguardar, (lat.) aspect?re (adspect?re), (it.) aspettare

Aguardar, attesté en castillan depuis les origines, par exemple dans le Cid, est dérivé du substantif guarda, héritier d’un emprunt fait par le latin tardif au germanique[30]. Dans les formes wardôn « guardar, montar guardia, cuidar », dérivé de warda « acto de buscar con la vista », lui-même dérivé de warôn « atender, prestar atención » se manifeste le rapport sémantique entre le regard, l’attention et l’attente[31], qui va aboutir à la signification actuelle de aguardar : « esperar a que llegue alguien o algo, o a que suceda algo[32] ».

Le même rapport se révèle dans l’évolution sémantique qui a affecté le latin aspect?re « tourner ses regard vers, regarder avec attention, être attentif à[33] », pour aboutir à l’italien aspettare : « attendere una persona che deve giungere o un evento che sta por verificarsi »[34].

La innovación semántica en virtud de la cual SPERARE reemplazó a ASPECTARE es propia de los tres romances hispánicos y algunas hablas occitanas[35]. Ce faisant, l’espagnol a substitué à une représentation de l’attente élaborée à partir du regard, comportement physique, une autre conception initialement à portée axiologique véhiculée par esperar, pour réintroduire sous la forme du verbe aguardar le premier type de représentation.

Aspect?re : regard, divination et bonheur :

Aspect?re est un dérivé du verbe spect?re, lui-même forme fréquentative de spec?re (ou spic?re). A spec?re correspond un mot racine –spex usité comme second terme dans les composés conservés dans la langue religieuse : auspex, d’où auspicium, haruspex, haruspicium […][36]. L’auspex est donc celui qui examine les oiseaux. Le substantif désigne celui qui prédit d’après le vol, le chant, la manière de manger des oiseaux, mais l’adjectif a une portée axiologique et renvoie à une chose ou un événement favorable, heureux, de bon augure[37]. On voit ainsi se former un réseau de relations entre regard, prédiction et perspective du bonheur qui peut contribuer à justifier la substitution de aspectare par sperare.

Esperar : espérer et attendre

Ces deux significations, « tener esperanza de conseguir alguna cosa » et « aguardar, permanecer en el sitio adonde se cree que ha de ir alguna persona o en donde se presume que ha de ocurrir alguna cosa », sont véhiculées par esperar depuis le XIIe siècle[38]. Nebrija (1492) retient trois significations, qu’il expose à l’aide d’une formule en castillan et par des équivalents latins : « esperar algun bien » (lat. sperare), « esperar como quiera » (lat. expectare[39], manere[40]), « esperar lo que ha de venir » (lat. operiri[41], praestolari[42]). Elles s’intègrent toutes les trois dans deux orientations sémantiques : d’une part la perspective du bonheur, dans la continuité du sens classique de sper?re, et d’autre part l’expectative sans visée axiologique.      
Pour en venir rapidement à la langue moderne, retenons que le D. A.
[43] retient la perspective du bien (sperare), l’expectative (expectare, operiri), et ajoute la croyance ou confiance (confidere), qui n’est en fait qu’un cas particulier de la perspective du bonheur[44]. Les dictionnaires actuels consignent les mêmes significations à l’aide de paraphrases variables.

Espera vs esperanza

Si esperar se distingue par sa capacité, tout au long de son histoire, à renvoyer à la fois à l’espoir ou l’espérance et à l’attente, il en va autrement du substantif espera.

« Espera » : la sphère et l’attente 

Il faut savoir tout d’abord que du XIIIe au début du XVe siècle, sous la forme espera cohabitent un substantif dérivé de esperar (acción de esperar) et l’adaptation castillane du mot latin sphera. Et face à espera, le mot esperanza, attesté plus tôt, dès le XIIe siècle, désigne « un estado de ánimo en el cual se nos presenta como posible lo que deseamos »[45].

Chez Nebrija, espera, n’est consigné que comme forme castillane du latin sphera (espera de astrologia, sphera, ae ; globus, i), et esperança endosse donc toutes les orientations sémantiques de esperar (esperança de algun bien, spes ; esperança como quiera, expectatio ; esperança de lo que ha de venir, prestolatio)[46]. Plus tard, Covarrubias (1611) consigne esfera (lat. sphera) et esperança mais pas espera.

« Esperanza » vs « espera »: spes vs expectatio

La différenciation entre les deux types d’expectative, qui se matérialise dans l’opposition espera vs esperanza va être consignée peu à peu dans la lexicographie et la configuration de la langue actuelle s’exprime déjà sans ambigüité dans le D.A. : « Esperanza : […]. La humana es un afecto, ù passion del alma con que esperamos el bien ausente que juzgamos por conveniente, Lat. Spes » […], s’oppose à « Espera : El acto de estar aguardando ù esperando. Lat. Expectatio ». Une configuration qu’exploite brillamment Antonio Machado dans ce passage : Porque aun la vida beata, en la gloria de los justos, ¿estará, si es vida, fuera del tiempo y más allá de la espera? Adrede evito la palabra “esperanza”, que es uno de esos grandes superlativos con que aludimos a un esperar los bienes supremos, tras de los cuales ya no habría nada que esperar. […] Solo he de advertiros que allí se renuncia a la esperanza, en el sentido teológico, pero no al tiempo y a la espera de una infinita serie de desdichas[47].

Espoir vs espérance, Esperanza

Espoir et incertitude

« Espoir : Le fait même d’espérer. Le sentiment inspiré par le fait d’espérer[48], est attesté depuis 1155. Du point de vue morphologique, il s’agit de la substantivation de formes conjuguées au présent de l’indicatif sur la base dite forte (espeir) du verbe espérer[49]. Le mot véhicule en ancien français l’expression d’un jugement ou d’une opinion : au mien espeir, « à mon avis » ou d’une simple hypothèse : espoir ou espeir (adv.), « sans doute » ou simplement « peut-être ». Cette configuration sémantique rencontre celle qui se manifeste à propos du verbe esperar, lorsqu’il est rapporté à l’expectative des choses incertaines (v. supra).

Espérance, esperanza : vers la probabilité mathématique 

« Espérance : Attente d’un bien qu’on désire et qu’on entrevoit comme probable[50] est attesté beaucoup plus tôt dans la langue (1080), dans la construction n’aveir esperance de : « ne pas s’attendre à ». L’évolution sémantique de « espérance » va dans le sens de l’expectative d’un évènement déterminé[51], rencontrant ainsi la notion de présupposition, qui s’oppose à celle d’incertitude véhiculée par « espoir ». Dans ses derniers développements, cette évolution privilégie la notion de probabilité au détriment de la notion de désir dans des expressions techniques présentes en espagnol comme en français : « espérance de vie », « esperanza de vida », « espérance mathématique : toute valeur que peut prendre une variable et qui est établie selon une probabilité », « esperanza : valor medio de una variable aleatoria o de una distribución de probabilidad », « contre toute espérance : alors que cela semblait impossible », « qué esperanzas ! », interjection en usage à Cuba, au Mexique et au Vénézuela « para indicar la improbabilidad de que se logre o suceda algo »[52].         

Nous insisterons pour conclure sur deux processus généraux qui forment un cadre à l’évolution sémantique spécifique de « attente » et « espera ».

La continuité historique du sens

Nous avons considéré que la principale évolution sémantique affectant le mot « attente » est l’émergence de la notion de « station ». Celle-ci se trouve en continuité sémantique avec sa racine indoeuropéenne : en effet, le verbe latin tend?re et son dérivé attend?re ainsi que leurs héritiers castillans et français atender, attendre, attente, ont leur origine dans la racine *ten-, dont est également issu le verbe latin ten?re qui « était spécialisé dans le sens de « tenir » (avec l’idée de continuité) et, au sens absolu, « durer, persister » ou « se maintenir dans une position » (langue militaire) […] »[53]. Les concepts de station, permanence, durée, qui se manifestent dans le schéma sémantique de l’attente en français moderne, ne représentent donc pas une innovation dans la mesure où ils étaient déjà contenus en germe dans le signifiant.

La simplification et la spécialisation du sens

La spécialisation sémantique de « attente », qui va s’opposer à « attention »[54] est un processus général également à l’œuvre sous une autre forme dans le cas du mot « espera », qui n’a pas conservé les deux orientations sémantiques du verbe-base et s’est spécialisé dans l’une d’entre elles seulement[55]. La spécialisation sémantique va de pair avec une tendance à la spécialisation lexicale, comme le montre l’opposition dans la langue moderne entre « espera » et « esperanza » et dans la langue ancienne entre esperar et asperar.



 


[1] Précisons que « attente » représente l’évolution phonétique d’une forme non-attestée du latin, *attendita, participe passé passif féminin, dérivé par suffixation de la forme classique du participe de attendere : attentus, a (Voir Rey A., Dictionnaire historique…, art. ATTENDRE). Ce mot est donc entré en français par héritage alors que « espera » est une création castillane, dérivée du verbe esperar, lui-même héritier du latin sper?re.

[2] Gaffiot Félix, Dictionnaire latin-français, Hachette, Paris, 1934, art. ADTENDO.

[3] Voir Ernout A, Meillet A., Dictionnaire étymologique de la langue latine, Paris, Klincksieck, 1985 (1ère éd. 1932), art. TEND?.

[4] Niermeyer J.F., Vande Kieft C., Mediae Latinitatis Lexicon Minus, Brill, Leyde-Boston, 2002.

[5] Godefroy Frédéric, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle. Paris, 1891-1902. Réimpr. Slatkine, Genève-Paris, 1982, art. ATENDRE, où l’on trouve ces exemples :

                « Il vint au puic, si l’en apiele :               
                Y estes vous, amie biele ?    
                Or cha vostre main atendes ». (Sept Sages)      
Ou encore :           
                « Adonc devant la dame Hellie s’adrecha,           
                L’anel lui ataindit, et celle le baisa ». (Ciperis)

[6] Ibid. Par exemple : « […] la femme […] tousjours a actendu a avoir authorité et seigneurie en la maison, autant comme son mary, ou plus, si elle a peu ».

[7] Ibid.

[8] Rey Alain (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, 1992, art. ATTENDRE.

[9] Dcech, Coromias J. et Pasual J. A., Diccionario crítico etimológico castellano e hispánico, Madrid, Gredos, 1992, art. TENDER: « Atender, de att?nd?re, “tender (el oÍdo hacia algo)”, “poner atento (el ánimo)”, “atender” ».

[10] Voir DRAE, 2001: « ATENDER. 1. Esperar o aguardar »; MOLINER, 1998: « ATENDER. 1. Esperar ».

[11] Par exemple: « acoger favorablemente, o satisfacer un deseo o mandato », « aplicar voluntariamente el entendimiento a un objeto espiritual o sensible» (DRAE, 2001); « disponer los sentidos y la mente para enterarse de algo que se dice, hace u ocurre en su presencia» (MOLINER, 1998).

[12] Trésor de la Langue Française, Paris, CNRS, 1974, art. ATTENDRE, qui donne ces exemples du XIe siècle : « Jo atendeie de tei bones noveles », ou encore « Sire dist ele, Com longe demorede ! Atendut t’ai en la maison ton pedre » (Alexis).

[13] Rey A., Dictionnaire historique…art. ATTENDRE.

[14] Trésor de la Langue Française, ibid.

[15] Le Grand Robert de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 2001.

[16] Mann Stuart E., An indo-european comparative dictionary, Hamburg, Helmut Buske Verlag, 1984-1987, p. 1251.

[17] Gransaignes d’Hauterive R., Dictionnaire des racines des langues indo-européennes, Paris, Librairie Larousse, 1948, rééd. Larousse, 1994, pp. 196-197 ; ROBERTS Edward A. & PASTOR Bárbara, Diccionario etimológico indoeuropeo de la lengua española, Madrid, Alianza Editorial, 1996 (6è réimpr. 2007), p. 164-165.

[18] Gaffiot F., Dictionnaire latin-français, art. SPERO : « tr., attendre, s’attendre à ».

[19] Gaffiot F., Dictionnaire…, ibid., qui donne cet exemple tiré de Cicéron: « haec satis spero vobis molesta videri : je crains bien que cela vous paraisse fastidieux ».

[20] Niermeyer J.F. & Vande Kieft C., Mediae Latinitatis…, art. SPERARE.

[21] Rey A., Dictionnaire historique…, art. ESPERER, signale que pareillement, la racine spe– a fourni des formes verbales au slave sp?ti “aboutir, réussir”, au germanique (cf. le vieil anglais spówan “réussir”).

[22] Blum Claude (dir.), Le Littré, Paris, Editions Garnier, 2007.

[23] Cette continuité est parallèle à la continuité de l’écrit, qui entraîne également une continuité phonétique propre aux mots dits « savants » ou « semi-savants ». Cf. Bloch O., Von Wartburg W., Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris, PUF, 2002 (1re éd. 1932),  art. ESPERER: « […] le maintien de l’s et le traitement de la voyelle étant dus au maintien du contact avec le latin écrit ».

[24] Rey A., Dictionnaire historique…, ibid.

[25] Alonso Martín, Diccionario medieval español, U. Pontificia de Salamanca, 1986, art. ESPERAR, qui cite ces 2 exemples tirés de Mío Cid : « Qui buen mandadero en bia, tal deve esperar [= tener esperanza] » et « A todos esperando [= aguardando] la cabeça tornando va ».

[26] Dcech, art. ESPERAR.

[27] Nebrija, par exemple (cf. infra).

[28] Valdés Juan de, Diálogo de la lengua, Clásicos Castalia, Madrid, 1983, p. 103. Rappelons que Valdés s’adresse à un interlocuteur italophone.

[29] En d’autres termes et de façon moins appuyée, Covarrubias confirme le rapport entre esperar, continuateur sémantique de sper?re et la notion d’incertitude : « ESPERAR : aguardar el suceso de alguna cosa buena, porque la mala antes la tememos que la esperamos, aunque de ordinario esso mesmo que deseamos tememos por su incertidumbre […] » (mis en gras par nous). Voir Covarrubias Sebastián de, Tesoro de la lengua castellana o espa?ola, Barcelona, Editorial Alta Fulla, 2003.

[30] La racine indo-européenne (S)WER-, SER– véhicule l’idée de garder, servir, conserver, surveiller et a donné de nombreux vocables dans les langues romanes et germaniques (v. Grandsaignesd’’Hauterive, Dictionnaire…, p. 209, Mann An Indo-european…, pp. 1131-1132, art. SER? et SERV? et Roberts E. A. & Pastor B. Diccionario…, p. 194, art. WER3-).

[31] Un rapport présent également dans l’italien « guardare: Cercare di percepire con la vista; volgere, posare lo sguardo; dirigere, fissare gli occhi su qualcosa o qualcuno (e non implica necessariamente la nozione di vedere » (Battaglia Salvatore, Grande Dizionario della Lingua Italiana, Torino, Unione Tipografico. Editrice torinese, 1961). Covarrubias, d’ailleurs, voyait dans le verbe aguardar un emprunt à l’italien, v. Tesoro…, art. AGUARDAR: « es vocablo antiguo español ; vale esperar, por aver visto o considerado alguna cosa que le ha hecho reparar al que aguarda ; y tomóse del verbo toscano sguardare, que vale mirar ».

[32] DRAE, 2001.

[33] Gaffiot F. Dictionnaire…, art. ASPECTO.

[34] Battaglia Salvatore, Grande Dizionario…

[35] Dcech, art. ESPERAR.

[36] Ernout A., Meillet A. Dictionnaire étymologique…, art. SPECI?.

[37] Gaffiot F., Dictionnaire…, art. AUSPEX.

[38] Voir Alonso Martín, Diccionario medieval español, art. ESPERAR.

[39] Voir Gaffiot F., Dictionnaire…, art. EXSPECTO (expecto). « 1. Attendre […] » et Ernout A., Meillet A. Dictionnaire étymologique…, art. SPECI? : « Exspect?re “regarder de loin” s’est spécialisé dans le sens de “attendre”, où il a supplanté opperior[…] ».

[40] Voir Gaffiot F., Dictionnaire…, art. M?N?O : « I. int. 1. Rester […] II. tr. 1. Attendre ».

[41] Voir Gaffiot F., Dictionnaire…, art. OPP?R?OR: « Attendre ».

[42] Voir Gaffiot F., Dictionnaire…, art. PRAEST?LOR: « tr. et intr. Attendre ».

[43] Diccionario de Autoridades, Madrid, Gredos, edición facsímil, 1990, art. ESPERAR: « 1. Concebir en el ánimo y tener esperanza de conseguir algún bien […]. 2. Vale asimismo aguardar, hacer tiempo para que uno venga. 3. Vale también poner la confianza en alguno, tener seguridad y confiar en él ».

[44] « Mettre sa confiance en quelqu’un » c’est en effet attendre quelque chose de bon de cette personne. D’autre part le latin conf?d?re peut endosser des significations telles que « espérer fermement que ». Voir Gaffiot F., Dictionnaire…, art. CONF?DO.

[45] Alonso Martín, Diccionario medieval…, art. ESPERA, ESPERANZA.

[46] Gili Gaya S. Tesoro lexicográfico, Madrid, CSIC, 1947, art. ESPERA, ESPERANÇA.

[47] Machado, Antonio, Juan de Mairena, Madrid, Espasa-Calpe, 1973, p. 36

[48] Blum Claude (dir.) Le Littré, art. ESPOIR.

[49] Bloch et Wartburg, Dictionnaire étymologique…, art. ESPERER ; REY A., Dictionnaire historique…, art. ESPERER.

[50] BLUM Claude (dir.) Le Littré, art. ESPERANCE.

[51] Cf. l’expression « avoir des espérances » : attendre avec conviction un héritage (ou une réussite, sociale ou financière)

[52] Blum Claude (dir.) Le Littré, art. ESPERANCE et DRAE, 2001, art. ESPERANZA

[53] Ernout A., Meillet A. Dictionnaire étymologique…, art. TENE?

[54] Du latin adtent?o (att-) : « attention, application ». Voir Gaffiot F., Dictionnaire….

[55] Le même processus sous-tend l’évolution actuelle de « esperanza » et « espérance », où la notion simple de probabilité s’impose au détriment de la notion complexe de « probabilité (ou perspective) du bonheur ».