L’image é/mouvante de la famille adoptive au cinéma
Aubeline VINAY
Université d’Angers, laboratoire CLiPsy
Les représentations filmiques des familles adoptives suscitent une curiosité tout à fait particulière chez les spectateurs de cinéma. Après tout, il s’agit d’une filiation atypique, censée unir des parents à un enfant non issu de leur chair. – Quels sont les obstacles ou empêchements à cette rencontre censée s’inscrire dans la permanence ? Et quels sont les fantasmes qui semblent s’y associer ?
C’est à ces questions et à bien d’autres interrogations que cherchent à répondre les « films sur l’adoption », une sorte de sous-catégorie des « films sur la famille ». De plus en plus nombreux à l’époque contemporaine, marquée par l’adoption internationale, ils ouvrent un pan tout à fait captivant, tout en bousculant maints codes et représentations convenus.
Comme le confirment les articles du présent numéro de la revue Quaïna, il ne saurait y avoir un seul genre de film sur la famille. De même, il serait difficile de défendre l’idée selon laquelle il existerait un seul type de scénarisation pour créer une famille adoptive à l’écran, tant le cinéma actuel varie les angles de points de vue, pour élargir ainsi la perception d’un enfant venu d’un ailleurs plus ou moins lointain qui s’adapterait, sans mot dire, à sa famille adoptive, ou bien perturberait de manière plus ou moins irréparable le fonctionnement de sa famille adoptante.
Preuve de l’évolution des schémas représentationnels, les réalisateurs derrière la caméra privilégient désormais le déformé et le décalé, et la variation des points de vue entre personnages adoptants et adoptés. Ce faisant, ils n’hésitent pas à puiser dans une diversité de codes – la tragédie, la comédie, le fantastique, le documentaire, etc. – ce qui prouve qu’ils ne se contentent plus d’approches préconçues lors de leurs mises en images à la fois mouvantes et émouvantes des familles adoptives et des enfants adoptés.
Face à la filmographie de plus en plus riche dans ce domaine, ce préambule entend revenir, de manière concise, sur quelques films emblématiques, pour tenter de mettre en évidence ce qui relève des caractéristiques marquantes des films sur l’adoption – traits qui ne sont pas sans résonner avec les recherches menées par des psychologues intéressés par les questions relatives à l’adoption[1].
Pour mieux saisir ces effets d’écho, nous évoquerons un ensemble (délibérément limité) de termes et de concepts, en les mettant en regard avec les films à nos yeux particulièrement représentatifs. Nous verrons ainsi que, si les films d’adoption ont tendance à se structurer autour de l’idée d’un « parcours » ou d’une « trajectoire », on note des différences entre ces films, selon qu’ils se focalisent sur l’enfant adoptif, ou plutôt sur les parents adoptifs. Dans le même ordre d’idées, si l’idéalisation semble plus présente parmi ces derniers, le vocable « rencontre » trouve sa place dans les deux ensembles filmiques. Et, s’il est fréquent de tomber sur les concepts de l’abandon, du deuil et de la rupture dans les films qui placent au centre du récit un enfant adopté ou adoptable, l’idée de construction identitaire imprègne ou sous-tend généralement, d’une manière ou d’une autre, la trame narrative de presque tous les films traitant de l’adoption ; tellement le problème de l’établissement des liens de filiation s’inscrit au cœur des enjeux fondamentaux de ces récits filmiques.
Les recherches sur la question de l’adoption ont mis en évidence que le processus de parentalité adoptive comprend plusieurs phases que doivent traverser les parents adoptants. C’est pourquoi il sera intéressant de garder à l’esprit le concept de la « grossesse psychique adoptive »[2] qui comprend la période de formulation d’un projet d’adoption, l’officialisation de la démarche adoptive (auprès des services de l’aide sociale à l’enfance), et la procédure d’agrément autorisant l’adoption. Après l’obtention de cet agrément, les futurs parents adoptifs entrent dans une période d’attente.
De ces périodes différentes, étalées sur une durée souvent plus longue que prévue, témoignent les scénarios qui relatent le parcours adoptif, en présentant l’attente comme une phase aussi, sinon plus intense que celle des démarches administratives qui la précèdent. Dans le cas de l’adoption internationale, dès lors que leur dossier est arrivé au pays concerné, les (futurs) parents doivent s’armer de patience, car contrairement à une grossesse classique, l’attente d’un enfant adoptif n’est pas une affaire de neuf mois.
Le film qui parle sans doute le mieux de cette longue attente, et du manque, frustrant, de maîtrise sur le déroulement des opérations, surtout lorsqu’il s’agit d’un pays étranger, est Holy Lola (2004). Ce film de Bertrand Tavernier aborde l’adoption du point de vu des parents, à travers leurs espoirs et frustrations, tout en passant en revue les multiples démarches qui ponctuent leur long parcours vers la parentalité. Nous y trouvons Géraldine (Isabelle Carré) et Pierre (Jacques Gamblin), un couple ne pouvant avoir un enfant biologique, qui s’envole pour le Cambodge dans l’espoir d’y trouver un bébé à adopter. Après avoir posé leurs valises dans un hôtel plein d’autres adoptants français, ils commencent à faire le tour, éprouvant et révélateur, des orphelinats de Phnom Penh. Si ce film sur la quête du bonheur familial et d’un enfant adoptable dans un pays qui continue à porter les stigmates d’un conflit militaire rappelle, certes, les réalités historiques de ce pays ravagé par la guerre, il met également en évidence les tracasseries administratives et économiques relatives aux pratiques d’adoption. – On pense notamment à la séquence de Holy Lola où l’on voit le couple français en concurrence avec des couples nord-américains, prêts à offrir des sommes ahurissantes pour adopter un enfant. Tavernier attire ainsi notre attention sur les dérives potentiels dans le parcours adoptif, particulièrement lorsque le désir d’enfant est tel qu’il fait oublier son intérêt et ses besoins.
Le temps d’attente des postulants à l’adoption – en moyenne entre quatre et cinq ans – peut paraître interminable. C’est ce qu’affirment certains autres films qui s’attardent sur cette phase du processus adoptif au cours de laquelle le couple ou le parent potentiel est confronté à un vide. – Vide qui cherche à se remplir par la mise en place, plus ou moins in/consciente, d’un enfant imaginaire. Mais, comme le suggèrent les films qui explorent les motivations pas toujours cohérentes, et les réactions pas toujours rationnelles des futurs parents adoptifs, l’enfant imaginaire n’est pas sans exposer l’adoption et le projet de filiation adoptive à des risques, vu la faible probabilité de l’enfant réel de se voir correspondre au portrait rêvé.
Lorsqu’on observe les diverses accentuations des films sur l’adoption, on a plutôt l’impression que les cinéastes contemporains sont conscients des risques de ce genre de dérive imaginaire préadoptive. Il n’est effectivement pas rare que le récit d’adoption tienne compte du désir de voir arriver dans la famille un petit être étranger, pour remplir un vide au sein de la structure familiale déjà constituée, ou pour surmonter un deuil pas forcément énoncé de manière explicite.
Avant de poursuivre, notons que du côté du vécu de l’enfant, on trouve moins de publications scientifiques dans la mesure où l’enfant n’est pas nécessairement connu dès l’enclenchement du processus de parentalité adoptive. Toutefois, de plus en plus d’anciens adoptés devenus adultes ont fourni des témoignages qui permettent de mieux comprendre les enjeux psychologiques de l’adoption chez l’enfant. Il en ressort que l’« être adopté » participe à l’élaboration de sa propre théorie sur ses origines. Ce travail sera d’autant plus aisé à l’enfant adopté qu’il se sentira en confiance et en sécurité dans son milieu adoptif, qu’il aura intégré le fait qu’il a été désiré, qu’un projet d’avenir sera formulé pour lui[3], et également, qu’il possèdera quelques éléments de son passé[4].
Pour ce qui concerne les représentations filmiques de l’adoption, on note qu’en se focalisant sur les attentes parentales, ces films se construisent fréquemment à partir de situations-type, telle que la première rencontre avec l’enfant, comme s’il s’agissait de préparer les parents, les autres membres de la famille, et toute autre personne qui chercherait à comprendre, y compris rétrospectivement, les circonstances plus précises où s’est déroulée une adoption donnée. Ce faisant, le cinéma nous rappelle, indirectement, que l’adoption était longtemps organisée autour des attentes des futurs parents, sans forcément s’interroger sur le vécu et les besoins ressentis par les enfants adoptés, qui – comme nous le savons aujourd’hui – ont besoin de parents suffisamment disponibles psychiquement pour les aider à s’intégrer à la famille adoptive, tout en surmontant leurs propres deuils et ruptures.
Si la première rencontre, particulièrement chargée d’émotions, est aussi importante, c’est parce qu’elle correspond au moment où l’enfant imaginaire devient l’enfant réel. Or, « être adopté » n’est pas seulement un état, c’est un mouvement qui s’instaure dans une réciprocité d’adoption, car comme le décrit si bien Nazir Hamad, l’enfant adopté est aussi et surtout un enfant adoptif[5]. Sa réalité passe par une construction sociale nécessitant un mouvement vers la mémoire de ses parents adoptifs. La construction du lien social chez l’enfant adopté repose alors sur une sorte de jeu de dupe relatif au principe de « tout se passe comme si » ; un jeu qui constitue l’unique condition à l’inscription dans un lien social.
On note, par ailleurs, que le cinéma contemporain semble davantage fasciné par les récits qui cherchent à retracer l’histoire de l’enfant adopté. A ce titre, on pourrait citer, à titre d’exemple, les films tels que Couleur de peau : Miel de Jung et Laurent Boileau (2012)[6], Lion de Garth Davis (2016), et Pupille de Jeanne Herry (2018) qui montrent, chacun à sa manière, qu’il est possible d’introduire et représenter la figure de l’adopté de manières très variées à l’écran.
A l’instar des films centrés sur les parents adoptifs, l’enfant adoptif s’y trouve devant un parcours articulé en plusieurs étapes : le temps précédant l’abandon, la période entre l’abandon et l’adoption, la rencontre avec les parents adoptifs, le temps après l’adoption, et l’installation dans la vie de tous les jours.
De même, le recours à l’humour et à la comédie s’applique aux films où l’enfant se trouve au centre du récit. Sous couvert de rires et d’humour, les cinéastes mettent en évidence des problématiques portant sur l’adoption, tout en retravaillant maints stéréotypes sociaux et culturels, inspirés parfois de faits réels.
C’est le cas, par exemple, dans le film de Thomas Gilou intitulé Michou d’Auber (2007) qui met en scène les parents d’accueil d’un garçon nommé Messaoud, renommé Michel (Samy Seghir), qui ne correspond pas à l’image de l’enfant idéal. Dans ce film inspiré d’une histoire vraie sur un enfant d’origine maghrébine accueilli dans un village dans le Berry, le père de famille (Gérard Depardieu) parvient, finalement, à surmonter ses réserves et à aimer l’enfant, tel qu’il est. Dans la même veine, citons la comédie de Lucien Jean-Baptiste, Il a déjà tes yeux (2017), où un couple à la peau noir adopte un bébé à la peau blanche, qui permet de (faire) comprendre qu’il est possible de faire famille au-delà de la différence de couleur de peau des parents, des enfants et des grands-parents.
D’autres récits filmiques vont explorer des situations adoptives complexes, pour amener le spectateur à s’interroger sur des familles en tourment. Seront ainsi abordés des thèmes tels que l’échange d’enfants à la naissance (Tel Père, tel fils, Hirokazu Kore-eda, 2013)[7], la relation mère-enfant (Va, vis et deviens, Radu Mihaileanu, 2005), la grossesse cachée (Album de famille, Mehmet Can Mertoğlu, 2016), de même qu’une série de rencontres permettant – malgré les circonstances difficiles – l’expression de l’humanité. C’est le cas dans Les bonnes étoiles (2022), un autre film de film de Hirokazu Kore-eda où l’enfant est, cette fois-ci, l’objet du trafic d’adoption, et où le réalisateur japonais explore, une nouvelle fois, les mystères de la filiation.
Un registre tout à fait particulier concerne les films autobiographiques romancés, qui s’efforcent de raconter la trajectoire adoptive en mêlant faits réels et faits imaginaires, comme dans le cas de Couleur de peau : miel, film déjà mentionné où un narrateur coréen, adopté par une famille belge revient sur son histoire personnelle. Un autre récit tissé d’éléments biographiques tout aussi bouleversants nous est raconté par Garth Davis dans Lion (2016). Le film reprend les expériences et interrogations enfouies, refoulées de Saroo Brierley (Sunny Pawar, puis Dev Patel interprétant Saroon à l’âge adulte) – un jeune homme d’origine indienne trouvé dans la rue et adopté, à cinq ans, par un couple d’Australiens. Vingt-cinq ans plus tard, au cours d’un repas entre amis, au moment de goûter un plan indien, une série d’images et de sensations ressurgissent, de façon explosive, implosive, l’amenant à une perte provisoire de sens. Comme chez Jung, petit garçon abandonné à Séoul dans Couleur de peau : Miel, Lion insiste sur la persistance d’une quête acharnée chez ce garçon perdu à Calcutta qui, contrairement à Jung, finira par retrouver sa mère biologique.
Dans ce même registre inspiré d’expériences réelles, racontées du point de vue de l’enfant, il serait impossible de ne pas citer Une vie toute neuve (2009) où Ounie Lecomte, réalisatrice française d’origine coréenne, démonte l’idée selon laquelle l’adoption ne commencerait qu’au moment où l’enfant entre dans sa famille adoptive, sans tenir compte de ses expériences antérieures.
Le film adopte le point de vue d’une petite fille coréenne nommée Jinhee (Kim Sae-Ron) qui, à l’instar de la réalisatrice, est placée dans un orphelinat à neuf ans. Au début du récit, en grande partie autobiographique, nous voyons Jinhee vivre avec son père (Sol Kyung-gu) à Séoul, avant que celui-ci ne l’amène loin de la ville pour faire, d’après ce que croit la fillette, un beau voyage. Ils font du vélo, rient et profitent du temps ensemble, sauf que c’est pour la dernière fois. A la fin du voyage, le père conduit Jinhee aux portes d’un établissement où elle est accueillie par le directeur des lieux. Gagnée par l’inquiétude, elle comprend alors qu’il s’agit d’un pensionnat, et assiste, tétanisée, au départ de son père qui s’éloigne, la tête baissée, coupable et visiblement triste.
Sourde aux explications fournis par l’orphelinat tenu par des sœurs catholiques, et réfractaire aux règles de l’établissement, Jinhee refusera d’admettre qu’elle a été abandonnée. Pour elle, aucun doute : son père reviendra la chercher – un rêve partagé par de nombreux enfants laissés par leur/s parent/s, tant l’abandon semble inimaginable et insupportable.
Jinhee se coupe des autres fillettes de l’orphelinat par son mutisme. Tous les soirs, la plus âgée d’entre elles tire les cartes du destin, en laissant entendre qu’un prince charmant finira par la faire sortir du pensionnat. Se nouera ensuite une relation d’amitié avec Sookhee (Do Yeon Park) avec qui Jinhee nourrira et soignera un oiseau blessé. Or, déterminée à être adoptée, Sookhee apprend l’anglais, pour mieux intégrer une famille américaine susceptible de l’adopter. Lorsque Sookhee quitte l’orphelinat avec ses nouveaux parents, Jinhee sombre dans une solitude désespérée qui la confronte, une nouvelle fois, au deuil du lien d’attachement rompu. Un matin, prétextant un malaise pour ne pas aller à la messe, elle décide de s’enterrer vivante dans le jardin de la cour, mais finit par se raviser. Ensevelie sous terre, elle se rend à l’évidence que son père ne reviendra jamais, et qu’il ne lui reste plus qu’à accepter son sort avec résignation ; ce qui constitue l’autre phase du processus de deuil. Au même moment, sur un autre continent, une famille française l’attend déjà, prête à l’adopter.
Malgré l’intitulé du film, la vie de l’enfant adopté n’est donc jamais la vie « toute neuve » annoncée, non sans ironie, par le titre. Comme avec les milliers d’autres enfants coréens adoptés par des familles françaises dans les années 1980, l’adoption ne commence pas à la descente de l’avion, contrairement à ce que peuvent laisser entendre les photos prises par les familles venues l’accueillir à l’aéroport.
Ainsi que le soulignent les exemples évoqués dans ce préambule, les films sur les familles adoptives – catégorie particulière des « films sur la famille » – font la démonstration des processus multiples desquels relève l’adoption. Celle-ci ne se limite effectivement pas à la rencontre entre des parents et un enfant ; il s’agit d’un cheminement personnel, parcours identitaire impliquant de nombreuses rencontres et processus intersubjectifs. Et si l’adoption a lieu entre au moins un adulte susceptible de remplir la fonction de parent et un enfant qui en est dépourvu, c’est au prix de renoncements réciproques, plus ou moins conscientisés, étant donné que les deuils et renoncements font partie du processus de rencontre filiale, pour que de cette diversité puisse naitre une famille.
Nous le savons, chaque culture a imaginé différentes façons de penser la mort et la perte, en créant des images pour les représenter, des mythes pour en parler, des rites pour les faire figurer dans la vie. Mais le deuil reste une « affaire entre vivants »[8], comme l’a rappelé Vladimir Jankélévitch. Le travail de deuil, lié à toute perte, peut être perçu comme un travail de mémoire et d’oubli. Il implique la pensée du « toujours », du « jamais », de l’« irréversible », la perte du contrôle sur soi et sur l’autre, pour imaginer l’absence de l’autre et surtout la sienne. Il oblige aussi à se figurer l’invisible, l’inconnu, car seul le passage par sa propre douleur permet de trouver des pistes pour continuer à penser l’autre absent, tel qu’il était et tel qu’il est devenu. Il s’agit donc d’un important travail de transformation, lorsque nous cherchons ainsi à penser l’impensable.
Dans la trajectoire adoptive, l’enfant qui vit cette situation est précisément un enfant, relevant d’un âge où les modèles de représentation sont encore en cours d’élaboration, ce qui complique l’accès à des représentations adultes, socialement acceptées. D’autre part, dans la trajectoire adoptive, par l’acte d’abandon, l’enfant doit effectuer le travail du deuil pour un parent qui n’est pas mort mais « juste » absent. De ce fait, et comme le montre bien le film d’Ounie Lecomte, pour Jinhee, le deuil n’est pas celui de la mort, mais celui de la colère, de l’injustice et de l’absence. La sidération peut alors venir prendre place sur le champ du psychique, dans le sens où il est incompréhensible et irreprésentable pour un si jeune enfant qu’un parent décide de se séparer de lui.
Face à ces problématiques – liées au traumatisme, à la sidération, à la tristesse, à l’incompréhension, à la détresse, à la colère, au déni, etc. – difficiles à exprimer, le cinéma contemporain semble avoir accepté le défi d’élaborer des outils (symboliques, diégétiques, esthétiques) pour représenter et communiquer le ressenti de l’enfant confronté à de tels abandons et deuils, mais aussi à la mise en sens de l’insensé. – Comme dans Une vie toute neuve de Lecomte, lorsqu’un père aimant et affectueux abandonne, malgré tout, sa fille.
Finalement, si les films qui explorent les diverses dimensions de l’adoption – en mettant en scène des liens d’attachement qui se nouent, se dé- et se renouent – témoignent de la force singulière de ces trajectoires de vie, sur un plan plus universel, ils ne sont pas sans souligner la reconnaissance mutuelle entre les êtres humains. Malgré leurs différences culturelles, les récits filmiques sur l’adoption réactivent ce qui nous touche sans doute le plus : le lien de filiation et les liens familiaux, à la fois supports fondamentaux des fonctionnements sociaux et creuset de l’humanité.
Bibliographie
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[1] Vinay, Aubeline, Psychologie de l’attachement et de la filiation dans l’adoption, Paris, Dunod, 2011.
[2] Lévy-Soussan, Pierre, « Travail de filiation et adoption », in Revue française de psychanalyse, vol. 66, 2002, p. 41-69.
[3] BERGER, Maurice, L’enfant et la souffrance de la séparation. Divorce, adoption, placement, Paris, Dunod, 1997.
[4] Voir VERDIER, Pierre & SOULE, Michel, Le secret sur les origines – Problèmes psychologiques, légaux, administratifs, Paris, ESF, 1985 ; et clement, René, « De la disparition des traces à la quête d’une identité », in Bouchart, Anne & Rapoport, Danielle (dir.), Origines : D’où viens-tu ? Qui es-tu ?, Paris, Stock, Les cahiers du nouveau-né, n° 7, 1985, p. 52-66.
[5] HAMAD, Nazir, L’enfant adoptif et ses familles, Paris, Denoël, 2001.
[6] Film analysé dans ce numéro de Quaïna par Claudine Veuillet-Combier.
[7] Film analysé dans ce numéro de Quaïna par Emmanuel Gratton.
[8] JANKELEVITCH, Vladimir, La mort, Paris, Flammarion, 1977, p. 226.